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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/320

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sines, poussé par une même angoisse, la cherchait également… Tous deux avaient fait vœu de n’échanger qu’un regard. S’entrevoir une seule minute, prendre, le temps d’un éclair, la possession totale l’un de l’autre, se contempler silencieusement, se comprendre, pour deux êtres qui se sont perdus, n’est-ce pas le rêve unique ! Ils succombaient, épuisés, à la tentation innocente d’une rapide communion spirituelle. Quelles forces leur viendraient ensuite pour lutter, quand leurs âmes se seraient ainsi nourries l’une de l’autre ! Et ils se poursuivaient éperdument. Une volonté semblait retarder leur rencontre ; parfois quelques mètres seulement, ou bien l’angle d’une maison les séparaient…

Et il y avait encore au logis celui que nulle sollicitude n’entourait, celui que nul regard n’observait, François.

Ses dix-huit ans supportaient de trop lourds fardeaux. D’abord l’ennui d’une liaison insipide avec une femme sans esprit et sans cœur. Puis les difficultés où sa stupide maîtresse l’avait entraîné. Ses créanciers le menaçaient, les papiers des gens d’affaires commençaient à pleuvoir sur lui, et, chez ce garçon qui se flattait de tout connaître, et d’avoir tout jugé, et d’être un homme, une épouvante enfantine naissait effroi du scandale, du déshonneur, effroi physique d’un adolescent qu’une meute humaine harcèle.

D’abord il essaya des démarches inopportunes.