Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/323

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chose de gracieux, de touchant comme elle ?

« Oui, cette affection fraternelle qu’en dehors de l’amour on demande encore à sa maîtresse, se disait le jeune pessimiste, c’est près de sa mère qu’on devrait la chercher. Il y a chez la femme mère un instinct de bête aimante qui est sûr, qui est solide, qui ne déçoit jamais… »

Et il montait allégrement l’escalier comme quelqu’un qui entrevoit le salut après le pire danger. Ses déboires, ses désillusions, son dégoût de l’humanité et de la vie, aboutissaient à un besoin de protection qu’il se dissimulait à peine. Certes, il ne se voyait guère, comme en un mélodrame, se jetant à genoux, couvrant de baisers les mains de l’artiste, ou pleurant sur son épaule en confessant humblement ses torts. Mais il allait à elle comme à une bonne et franche camarade, pas assez vieille pour le méconnaître, pas assez jeune pour prendre légèrement ses ennuis.

Brigitte, quand il entra, le réjouit en lui apprenant l’absence de son père qui était encore rue Laffitte, où l’on commençait déjà à placer les toiles. Ses sœurs étant sorties, il serait en tête à tête avec Jenny. C’était ce qu’il désirait. Et, malgré sa philosophie désenchantée, malgré son scepticisme, il y avait en son geste le mouvement de l’enfant qui va se blottir dans les bras de sa mère lorsqu’il ouvrit, avec une sorte de fièvre, la porte de l’atelier.

Il fit deux pas et s’arrêta net. Dans sa blouse