Aller au contenu

Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour se faire pardonner les prochaines irrégularités de son service. Aussi ne prenait-elle que strictement le temps de ses repas pour s’en retourner au plus vite rue du Bac. Son premier mot en entrant était toujours : « Où est Marcelle ? » La douleur de Marcelle, l’abandon où elle la voyait et jusqu’à la faute même de la cadette, avaient inspiré à sa tendre nature un de ces attachements féminins capables de tous les dévouements. Mais ce soir-là, on lui répondit que Marcelle n’était pas encore rentrée. Sortie dès le déjeuner, elle n’avait pas reparu depuis.

Hélène, au milieu de la gaieté familiale, devint soucieuse. Elle savait tout de Marcelle maintenant ; ses pensées, son désespoir, l’impérieux besoin que cette pauvre petite âme avait de Nicolas, et les recherches misérables que tous les jours elle entreprenait après lui à travers les rues. La sage Hélène avait à ce sujet de grosses inquiétudes. La promesse de silence et d’impassibilité que Marcelle lui avait faite, pour le cas où elle rencontrerait Houchemagne, ne la rassurait guère. Depuis tant de jours que Marcelle sollicitait le hasard, elle finirait bien par le forcer, par le contraindre. Qu’allaient-ils devenir tous deux quand ils se seraient trouvés enfin face à face ? C’était si bon pour Hélène d’aimer sa petite Marcelle purifiée par le chagrin, sortie de cet affreux adultère, si douloureuse, mais si ennoblie !