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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/330

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journellement, elle l’avait rejoint. Ils s’étaient revus. Ils avaient hésité peut-être une minute. Peut-être n’avaient-ils pas même hésité une seconde. Ils s’étaient regardés de ce regard qu’Hélène avait un jour surpris entre eux et dont elle sentait toujours le trouble au fond de son âme, et impérieusement ils étaient allés l’un à l’autre. Et les chaînes mystérieuses, plus fortes que la vie, s’étaient rescellées de cet homme à cette enfant.

Cependant, si elle la trouvait là-bas, avenue Kléber !

Le fiacre roulait maintenant sans secousses sur les Champs-Élysées bleuâtres et déserts. Hélène, clairvoyante, songeait, avec une indignation secrète, à cette joie des deux amants enfin réunis. D’autres suppositions auraient pu naître en elle ; nulle autre idée ne venait même affaiblir ses pressentiments. En cette minute, haletants encore du supplice de la séparation, ils s’étaient redonnés l’un à l’autre avec toute la violence de la douleur endurée pendant dix-sept journées de solitude. Ah ! comme Hélène en voulait à Nicolas ! Puisque le sacrifice était fait, pourquoi lui avoir repris cette petite âme qu’elle cultivait dans les pleurs comme une pauvre plante malade. Comme Marcelle serait redevenue pure et blanche à force de souffrir ! Lui maintenant l’entraînait de ses deux bras dans la honte du péché, et tout espoir de l’y arracher serait désormais perdu.