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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/331

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Cependant, si elle allait la trouver avenue Kléber !

Elle ne l’y trouva pas. Nelly Darche dinait seule. Il fallut même imaginer un conte pour donner le change à son étonnement, qui était grand, de voir Hélène à cette heure. Et la jeune fille expliqua un malentendu. Marcelle était allée peindre à la campagne en compagnie de son amie, la Russe ; elle n’était pas encore rentrée, mais madame Fontœuvre avait cru l’entendre former le projet de passer voir mademoiselle Darche.

— Voyons, dit la grande Darche en assujettissant son lorgnon, vous n’allez pas lui mettre un fil à la patte, à cette petite. L’artiste a besoin de sa liberté. Et s’il lui plaisait de ne rentrer qu’à dix heures du soir !

— Ah ! répondit, en s’efforçant de rire, la bonne Hélène qui se sentait devenir nerveuse et méchante, nous n’avons pas l’esprit si large dans la pharmacie !

Le cocher l’attendait à la porte. Elle réfléchit quelques secondes, la main sur la portière du fiacre, puis délibérément, prononça :

— Rue de l’Arbalète.

Que son cœur lui faisait mal à mesure qu’elle approchait de ce quartier dont elle n’évoquait jamais le souvenir sans une sorte d’épouvante. C’était là qu’ils étaient cachés. Elle en était sûre ; ils s’y réfugiaient pleins d’indifférence et de dédain pour le reste de l’univers, sous ce nom d’emprunt