Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/333

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— Qu’est-ce que vous leur voudriez ? interrogea la concierge.

Hélène balbutia :

— Ne pourrais-je pas voir madame Léonard ?

— Oh ! non, mademoiselle, monsieur et madame ne reçoivent personne !

Derrière Hélène était la porte du petit appartement. Elle se retourna, la considéra une minute, reconnut les moulures blanches que lui avait dépeintes Marcelle, vit le bouton de la sonnette électrique. Ils étaient là perdus dans l’extase de leur péché, trahissant cousine Jeanne, trahissant leur propre dignité, leur conscience. Et la triste Hélène se tenait sur le seuil de l’abîme comme si elle voyait s’engloutir devant elle un être aimé qu’elle eût été impuissante à secourir. Que pouvait-elle contre les forces de l’amour dont elle avait soudain la vision accablante !

Enfin elle sortit de son rêve et se retira gauchement, confuse de sa démarche.

Dehors, elle congédia le cocher et regarda encore les volets clos du rez-de-chaussée encadrés de leur ligne lumineuse. Quel silence ! Quelle immobilité ! Ils étaient là, ils étaient retombés…

— Ah ! j’aurais mieux aimé qu’elle fût morte ! murmura Hélène dans un sanglot.

Il devait être près d’onze heures ; la chaussée, les trottoirs mal éclairés étaient déserts. Hélène, qui connaissait un peu ce quartier du Panthéon, avait résolu de rentrer à pied pour retarder un