Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dont Marcelle lui avait livré le secret, ce nom de Léonard, souvenir du divin artiste que Nicolas reflétait.

Qu’allait-elle faire ? Reprendre sa cadette, la sauver ? Pourquoi pas ? N’était-ce pas son devoir impérieux d’aînée ? Oui, l’arracher des bras de Nicolas, crier à celui-ci la vérité de la règle, et le reproche d’une conscience nette.

Elle traversait des rues ignorées, croyait à chaque instant atteindre au but et que la voiture. allait s’arrêter. Et c’étaient de brusques soubresauts de son cœur, un tremblement qui l’agitait. Mais on n’était qu’à la moitié de la course. Alors, elle préparait les mots qu’elle dirait aux amants, l’attitude autoritaire qu’il lui faudrait montrer pour déchirer de tels liens.

Et l’arrêt du fiacre la surprit dans ces réflexions où elle s’échauffait jusqu’à la colère. Elle se vit devant une grande maison blanche. Les volets du rez-de-chaussée, fermés, laissaient passer un rais de lumière…

Lorsque la concierge entendit cette belle fille d’aspect si provincial et si tranquille, lui demander si monsieur et madame Léonard n’étaient pas ici, elle conçut de la défiance et la dévisagea sans répondre. Hélène comprit que cette femme favorisait et protégeait le mystère dont s’enveloppait le couple équivoque ; aussitôt elle fut prise d’une grande timidité. Et voici que dans son trouble elle ne trouvait plus un mot à dire.