Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/340

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aspect timide. Après quelques minutes d’entretien, elle quitta le patron et disparut de nouveau. Alors Seldermeyer revint à Marcelle et lui dit seulement :

— C’est bien. Continuez. N’ayez pas peur de forcer les lumières.

D’ailleurs, il était pressé, expédia la plupart des élèves, et une dernière fois, avant de partir, revint contempler silencieusement l’étude de Marcelle.

Alors le modèle poussa un grognement, s’étira les bras et sauta à terre. Aussitôt ce fut un vacarme assourdissant. Trente blouses blanches furent debout, des cris de lassitude ou de victoire éclatèrent, des cris perçants de préau d’école, de troupeau féminin lâché en liberté. Une voix entonna un refrain de la rue, que dix autres reprirent en chœur. La Niçoise, jolie fille brune et cambrée, aux yeux d’escarboucle sous sa coiffure excentrique, s’écria :

— Vous savez, père Domingo, il faut manger de la soupe, ou si vous continuez à maigrir pareillement, il ne vous restera plus qu’à poser pour la Mort.

Il commença à se plaindre de ses crampes, de ses rhumatismes. Personne ne l’écoutait. La Russe, qui était douée d’un contralto puissant, pérorait au milieu d’un cercle d’amies. Elle disait que la Beauté importait seule dans la vie, et que c’était à la Beauté que tout devait tendre, et que