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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/342

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avait choisi, et s’en allait en serrant silencieusement quelques mains au passage.

Elle sortit par la rue Bonaparte, et, dans la rue des Beaux-Arts, à quelques pas de là, pénétra dans l’auto qui l’attendait. Deux bras s’ouvrirent pour la recevoir. Elle ferma les yeux, se laissa emporter mystérieusement aux côtés d’Houchemagne. Ils se tenaient la main sans rien se dire. Elle avait reconquis la paix, et comme la fierté de sa bravoure, depuis qu’elle avait laissé connaître aux siens l’état de son cœur. Quand, au matin de la nuit tragique, elle était rentrée pour trouver François mourant, elle avait dit à son tour au milieu des larmes que lui arrachait le récit de sa mère « Pardonne-moi, maman ! » Mais c’était de l’avoir trompée qu’elle s’excusait, car son inconscience était toujours la même, et elle se glorifiait au contraire d’être aimée. Et sa confession avait paru anodine dans le désarroi d’un tel moment. Plus tard, aux heures où l’on commença d’espérer pour François, la mère et le père se ressaisirent, et Pierre Fontœuvre, à bout d’émotions, assombri par tant de cauchemars, questionna Marcelle, la tourmenta, s’emportant contre elle terriblement.

— François avait des dettes, c’est vrai, mais il gardait le sens de l’honneur au point de vouloir disparaître lorsqu’il s’est vu insolvable. Tandis que toi, tu restes cyniquement notre honte.

— Votre honte ? Quelle honte y a-t-il dans