Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/366

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dut aller prendre des croquis de costumes à la mode chez le couturier de sa femme. Jeanne l’y accompagna en rougissant. En sortant il lui dit :

— Tu as eu honte de moi.

Elle ne répondit pas.

Désormais, chaque fois qu’en sa présence, Jeanne semblait méditer ou rêver, plongée dans cette vie intérieure qui devait être en elle si intense et si noble, il l’accusait secrètement de travailler, par un pouvoir mystique, à le séparer de Marcelle. Il l’imaginait sans cesse « priant Dieu, selon sa propre phrase, de l’arracher à cette femme ». Ce mot le hantait, l’obsédait, l’épouvantait. Un jour, il ne put se retenir de confier cette maladive inquiétude à Marcelle.

— Pendant que nous nous aimons tant, lui dit-il en la serrant convulsivement contre sa poitrine, quelqu’un cherche à nous désunir.

— Ah ! qu’on essaye ! repartit triomphalement Marcelle.

— Tu ne peux pas savoir, reprit-il ; c’est d’un danger caché que je te parle. Jeanne prie pour que tu me sois arrachée.

Marcelle sourit :

— Si ce n’est que cela !

— Moi, cela me trouble. Jeanne est puissante. Jeanne connaît la vérité mieux que nous. Elle est demeurée impeccable, elle ; c’est elle qui obtiendra ce qu’elle désire.

— Mais comment cela se ferait-il ? demanda