Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/396

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loi, le Formateur de la morale sur laquelle vivent toujours les foules. Celui devant qui l’homme est responsable du moindre de ses actes.

L’après-midi, la température du malade monta tellement qu’il fallut le mettre dans un bain. Un infirmier vint aider Jeanne. Nicolas suppliait qu’on le laissât tranquille.

— Qu’on respecte au moins mon dernier bien, ma seule chose…

On ne le comprit pas. Il voulait parler du temps, du temps devenu si rare, comme sacré pour lui, du temps que l’hallucination lui montrait comme les derniers fragments d’un trésor épuisé, des particules sans prix qu’on lui volait. Sans le savoir, il exhalait une plainte constante.

Jeanne, les yeux secs, se tordait les mains en le regardant.

Pourtant, le bain lui donna un apaisement. Le bien-être suscita en lui le désir de vivre. Il entrevit des matinées de printemps, le bord d’une eau claire, les bras de Marcelle à son cou. Un espoir animal l’envahit. Mais, quand on le recoucha, le froid, l’engourdissement reprirent, la respiration devint difficile ; la vie se raréfiait, il crut la mort voisine. Ce fut le plus grand déchirement. Une seconde syncope lui ôta le sentiment pendant de longues minutes.

Cette fois encore des piqûres le ranimèrent. Une nouvelle onde de vie le parcourut. Jeanne luttait pied à pied et s’imaginait gagner du terrain. Il y