Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/399

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prêtre, sortant de la manche noire, se leva. Il commença :

Ego te absolvo a peccatis tuis

Le malade revoyait les chambres blanches, les tendres lèvres de Marcelle, l’enlacement de ses bras, puis les larmes de Jeanne, son amour vainqueur de la trahison, de l’abandon, du délaissement. Il revoyait ses propres tortures morales, son dégoût de soi, le mépris de sa conscience pour sa volonté, toute sa déchéance.

Une croix fut tracée en l’air. Les paroles du prêtre s’éteignirent dans le grand atelier silencieux ; et il sembla soudain à Nicolas que le ciel s’éclaircissait, qu’un soleil plein de douceur luisait sur son âme. Une impression de bonheur détendit ses traits. Il murmura :

— Ah ! quelle paix ! quelle paix !

Le prêtre sortit très pâle. Jeanne l’attendait au seuil de l’atelier. Elle lut son émotion, mais le fit reconduire par un domestique, parce qu’elle voyait là-bas, dans le lit, les bras de Nicolas, se tendre vers elle…

Il avait fait un effort, s’était redressé, souriait à sa femme. Quand elle fut tout contre sa poitrine il l’entoura de ses bras, la pressa de toutes ses dernières forces. Ils ne se disaient rien. Ils faisaient le vœu de mourir ainsi, ensemble…

La nuit, Nicolas s’endormit d’un sommeil presque calme. Le vieux père Houchemagne, qu’on n’avait pas encore laissé monter pour