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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/44

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retienne la foule. Tout est là. J’ai rêvé quelque chose de très neuf, de très bien, qui pourrait donner un certain effet.

— Et ce serait ?… fit Houchemagne qui s’intéressait.

Fontœuvre, modeste, expliqua :

— Un épisode de la grève des boueux. Traité en teintes grises, avec un paysage de neige fondue, de crotte, de balayures accumulées, et au premier plan sept à huit types d’alcooliques, hommes et femmes, drapés de hardes sales, je crois que ce ne serait pas mal. J’ai même déjà pris des croquis pour le geste canaille de mon premier balayeur, lançant un coup de talon dans une boîte à ordures.

Nugues déclara :

— Ça pourrait être épatant.

Houchemagne, qui cherchait sans doute un biais pour ne pas émettre d’opinion, se reculait doucement vers les colonnes géantes. Soudain, on entendit un craquement, puis, presque en même temps, un cri aigu, perçant, lamentable :

— Ma poupée !

Et du groupe des trois enfants qui s’étaient cachés pour jouer derrière le socle des colonnes, surgit Marcelle en petite lionne, le sourcil froncé, les lèvres serrées, l’œil terrible. Houchemagne, en opérant sa retraite, avait mis le pied sur la poupée mécanique de mademoiselle Angeloup, que la fillette avait oubliée à terre. Il était cons-