Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/43

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vanité ce gros garçon ; i l’entraîna dans un coin de l’atelier pour lui montrer quelques études. Nugues suivit. Addeghem disait tout bas à ces dames :

— Hein ! est-il beau ! N’est-ce pas le François Premier du Titien ? Voyez son profil, la fente de l’œil un peu bridé, la finesse de la ligne du nez, et jusqu’au sourire royal. Je vous dis, un physique d’empereur ! Et avec cela…

Il prit un ton plus confidentiel, et, le dos de la main sur la bouche :

— Et avec cela, raconte-t-on, une Sainte-Vierge… Oui, mes enfants, c’est positif, paraît-il. Jamais une heure de noce. Rien. Le travail dans la pureté absolue de la vie. Qu’est-ce que vous dites de cela ?

Juliette Angeloup hochait la tête gravement ; puis, jetant au feu le reste de sa cigarette :

— Bigre ! déclara-t-elle.

Fontœuvre, là-bas, dénouait les cordes qui liaient de vieilles toiles. C’était un déballage hétéroclite de torses, de natures mortes, de femmes nues, d’animaux. Avec une excessive politesse, Houchemagne examinait le tout ; cherchait, à intervalles, un mot flatteur. Il alla même jusqu’à interroger son hôte sur ses projets. Qu’exposerait-il cette année ?

— Ah ! répondit Fontœuvre, j’y pense beaucoup. L’important, n’est-ce pas, c’est de dénicher une idée originale qui frappe le public, qui