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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/58

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ailé à tête humaine, d’après des croquis pris au Louvre et après avoir bien étudié l’histoire de la Chaldée, et que j’ai senti venir la figure, ce visage surnaturel de génie assyrien, ah ! mon cœur a crevé ; j’étais comme un homme qui a perdu père et mère. J’étais fou. Il faut sortir de la vie pour travailler. Cette étude d’enfant est fort jolie ; l’aimerais plus d’ardeur dans les yeux, mais vous peignez exquisement, madame.

— Comme c’est gentil de me dire ce que vous ne pensez pas ! répondit Jenny Fontœuvre.

Il protestait. Elle continua :

— Est-ce que vous ne voudriez pas vous marier, monsieur Houchemagne ? Je vous demande cela parce que je vous trouve très sympathique et que je vous prépare un tour de ma façon.

Il hocha la tête.

— Non, non ; pas de mariage. Mon art me suffit. Il me donne trop de volupté. J’ai mon compte de bonheur…

— Vous épouserez Jeanne de Cléden, la jeune fille au bandeaux.

— Ni elle, ni aucune autre.

— Elle est très riche, elle est très belle, vous en deviendrez amoureux.

— Écoutez, madame, fit Houchemagne gravement, les plus belles femmes que j’aie vues, je les ai toujours fait servir à mon art ; la femme ne sera jamais pour moi qu’un modèle. Je ne serai jamais amoureux.