Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/62

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l’autre patte libre, elle la tenait en l’air, douloureusement, tout en boitillant sur le tapis. Les parents s’approchèrent ; l’enfant était toute blanche ; elle levait les yeux hardiment sur sa mère en racontant :

— Je voulais l’habiller, elle se débattait la première manche, ça a bien été ; mais la seconde, pas moyen ; j’ai un peu forcé, je crois que je lui ai fait mal.

Pierre Fontœuvre avait pris la chatte, l’examinait. Il finit par dire :

— Hé ! ma petite, tu lui as bel et bien cassé la patte à ta Minette.

L’enfant était sans une larme. Elle regardait son père et sa mère, orgueilleusement.

— Pourquoi as-tu fait cela ? demanda Jenny Fontœuvre, s’efforçant à la sévérité.

— Parce que je voulais l’habiller, je voulais !

On appela Brigitte, qui savait des recettes pour les animaux. Justement elle revenait de conduire au cours le petit François. On lui expliqua l’accident. Elle emmena Minette à la cuisine pour la panser. Madame Fontœuvre s’installa près du lit de sa fille et s’avisa de lui faire un sermon. Elle l’appelait « Mademoiselle », lui disait « vous », et lui décrivait les souffrances de la pauvre bête estropiée qu’on serait peut-être obligé d’abattre. Mais, quoi qu’elle fit, Marcelle restait de glace. Elle ne pleurait ni ne s’excusait, mais répétait son unique raison :