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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/64

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comme une mythologie charmante, tout simplement ?

— Évidemment, je pense comme toi, répondit. Fontœuvre. L’enfant est trop respectable pour qu’on lui mente si froidement. Et puis, je t’assure que cet enseignement-là n’est pas indispensable. Je me charge, moi, le jour venu, de raisonner avec Marcelle, qui sera superbement intelligente à quinze ans.

Ils prenaient le chocolat dans la salle à manger, tous deux prêts pour le travail, quand Jeanne de Cléden ouvrit la porte. C’était la grâce même qui entrait. Avec une légère préciosité, une nonchalance un peu voulue, elle marchait sans bruit ; la mousse blonde de ses cheveux en bandeaux arrondissait divinement son mince visage. Elle avait de grands yeux bruns, pleins de langueur. Elle donnait l’impression d’une femme si douce, si pure, si limpide, qu’au premier abord tout le monde l’aimait.

— Venez, belle déesse, lumière du matin, fille du printemps, s’écria Fontœuvre avec une pointe d’accent méridional qu’il laissait paraître à dessein, venez vous asseoir à la table de deux pauvres mortels.

— Veux-tu des rôties ou de la brioche ? demandait Jenny en l’embrassant.

— Tu sais bien que je ne mange pas le matin, dit la jeune fille ; je prendrai seulement quelques cuillerées de chocolat.