Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/71

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tait, — il fallait cela pour les rapports des plumes. et de l’épaule.

Et ils s’éternisaient devant la toile, sans jalousie, sans amertume, empoignés par un émoi supérieur, quand leurs yeux cherchèrent Jeanne de Cléden. Elle était à une petite distance, derrière eux ; son charmant visage levé vers l’Ange ruisselait de larmes, et elle ne disait qu’un mot :

— Oh ! est-il possible ! est-il possible !

Il fallut pour l’arracher à son extase, les cris que poussait Fontœuvre devant le Centaure. La fantaisie d’Houchemagne avait fait ici un petit tableau. La toile n’avait pas un mètre de haut. L’être fabuleux posait de trois quarts, sur un rempart au pied duquel se devinait une ville avec ses portiques, ses temples et ses terrasses. La croupe du cheval s’arrondissait puissante, massive, sous une robe d’un gris pommelé ; et elle était plutôt d’un robuste percheron que d’un Pégase. Mais la noblesse humaine tout entière résidait dans la tête du demi-dieu pensif érigé sur cette base brutale ; ses mains écartaient les rameaux d’un buisson de lauriers et il se penchait pour contempler à ses pieds la cité endormie. Il en était le génie protecteur, il en lisait secrètement tous les mystères. Les Fontœuvre, cloués sur place, ne disaient plus un mot.

Et ce furent ensuite le Taureau ailé, puis le Sphinx ; encore deux toiles immenses qui tenaient tout un côté de la salle. Le Sphinx surtout était