Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/85

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— Oh ! pas un mari comme papa, bien sûr, mais tu sais, le monsieur… Il l’a embrassée et lui a dit : « Donne-moi un faux-col propre car je vais voir une malade chic. »

Jenny Fontœuvre eut un scrupule dont elle s’ouvrit le soir à son mari. Nelly Darche était ainsi, vivant dans l’amour libre avec une sorte de candeur ; mais pouvait-on confier une enfant de huit ans à une fille qui avait un amant et ne s’en cachait guère ? Là-dessus le père et la mère eurent une grave conférence où ils cherchèrent en vain les raisons qu’on a de dissimuler aux enfants tout ce qui, dans les mœurs, est en dehors des lois. Et ils conclurent ensemble à la nécessité d’une initiation précoce pour une fille forcée dès l’adolescence de gagner son pain.

D’ailleurs, à ce moment d’autres idées les hantaient. Leur Salon avait du succès. Dès la fin d’avril, Jenny reçut deux lettres d’amateurs qui convoitaient son tableau, et madame Dodelaud parlait d’un Espagnol qui tournait autour des bêtes de Fontœuvre. Déjà tous deux pensaient à un nouveau dîner où l’on inviterait cette fois les antiquaires avec Addeghem, qui avait loué copieusement les deux toiles.

Un soir de mai, les Fontœuvre lisaient paresseusement dans l’atelier au milieu du tapage des deux enfants, quand ils poussèrent un cri de surprise. La porte s’était ouverte très doucement, et Jeanne de Cléden, en appareil de voyage, cache-