Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/99

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chaque côté de la bouche. Elle se trouvait jolie. Elle l’était, avec un certain air inquiet et triste. Le jeudi et le dimanche, n’allant pas au cours, elle s’ennuyait. Alors sa mère, qui travaillait à un portrait, l’envoyait soit au magasin des Dodelaud, soit chez Nelly Darche, qui habitait à présent un riche appartement de l’avenue Kléber. L’artiste quoique fort occupée, maintenant que les commandes officielles consacraient son talent bizarre, trouvait toujours du temps pour recevoir et cajoler la petite fille. Elle la comblait de friandises, la promenait, lui achetait des robes élégantes, des chapeaux de cinquante francs ; et quand madame Fontœuvre se fâchait, menaçait de ne plus lui confier Marcelle, son visage s’épouvantait, derrière son lorgnon perlaient des larmes, et elle murmurait d’un ton qui touchait la mère :

— Vous ne feriez pas cela, ma petite Fontœuvre !

D’ailleurs, avec la simplicité des artistes, Jenny en venait à trouver commode d’être exonérée de ces frais de toilette. La fortune des Fontœuvre n’avait pas suivi la même voie que celle de la grande Darche. L’année passée, Jenny n’avait pas vendu cinq toiles. Sans les leçons que donnait son mari, c’eût été la misère ; même, elle avait de nouveau quelques dettes, et elle attendait impatiemment le retour du jeune ménage Houchemagne, sûre que Jeanne ne refuserait pas de la tirer d’embarras.