Page:Yver - Monsieur Dominique.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de fumée, déjà on sentait dans les entrailles du train ces trépidations sourdes qui sont le signe précurseur du départ, quand la figure d’un homme pressé se montra à la vitre du wagon…

M. Dominique brulait d’envie de crier a complet » ; mais il était la vérité incarnée, et il ne l’osa pas ; poussé même par un souvenir de vieille courtoisie, il ouvrit la portière, sans toutefois rien perdre de sa mauvaise humeur.

Le nouveau venu était grand et mince, sec comme du bois mort ; il dominait de la tête la haute taille de M. Dominique, et dut ôter son chapeau et courber complètement le dos pour pénétrer sous le châssis de la portière. Il avait la mine affable, des yeux jeunes, une peau ridée, le front élevé et la chevelure abondante. Contre le long manteau de voyage qui flottait autour de sa maigre personne, il serrait une grande caisse noire mystérieuse, dont la poignée de cuivre reluisant, forgée et finement ciselée sous le règne de S. M. Louis XII, sentait le luxe et le bon goût.

Il glissa la caisse sous la banquette, s’assit avec un salut d’homme bien né à l’adresse de son vis-à-vis ; il sourit à Cresphonte, qui le