Page:Yver - Monsieur Dominique.djvu/222

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passées à jadis ; on parlait aussi des chagrins du pauvre misanthrope, de ses étapes dans les pays lointains où il avait tant souffert, des inquiétudes de Mme Béatrix, de ses peines, de ses durs travaux.

Cresphonte, blotti entre Bob et son maitre, se tenait coi et ne soufflait mot. Bientôt M. Dominique s’aperçut qu’il pleurait encore.

— Voyons, mon pauvre ami, qu’as-tu ? Est-ce de joie que tes larmes coulent ?

— Pas de joie, massa, bon nègre est triste.

— C’est vrai, reprit Ma Beatrix ; le pauvre garçon entre de jour en jour dans une noire mélancolie, qui ne se rencontre pas d’ordinaire chez ceux de sa race. J’attribuais ce chagrin à ton absence, et maintenant je vois que tu ne le consoles pas.

— Parle, Cresphonte, dit M. Dominique avec une tendresse paternelle.

— Bon nègre n’ose pas….

Il devenait timide, honteux, confus, troublé ; il ne savait que dire ; il eut voulu fuir tous ces regards d’enfants qui se braquaient sur lui. On le harcela de questions, néanmoins, et son maître le pressa tellement, qu’il se décida à répondre :