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Page:Yver - Monsieur Dominique.djvu/24

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C’était le lourd, le cahoteux, le poussiéreux omnibus de la gare ; il s’ouvrit là comme une boîte à surprise, laissant écouler par sa porte un flot de voyageurs. D’abord une jeune femme vêtue comme une veuve, puis une kyrielle d’enfants de tous les âges possibles, depuis deux ans jusqu’à treize ; elle les fit descendre tous un à un, entourant de soins les plus petits, réparant d’un adroit coup de main la toilette des plus grands, et les ayant rangés à cinq rangs de deux, car ils étaient dix, elle glissa dans la main du conducteur une menue pièce de pourboire, en demandant :

— C’est bien là qu’il demeure, monsieur ?

Le conducteur fit un geste équivoque qui voulait dire tout à la fois oui, je ne sais pas, peut-être ; après tout, je ne suis pas responsable…

— Vous serez gentils, mes enfants, dit ensuite la jeune femme aux petits, vous direz poliment : « Bonjour, mon oncle… »

Et, poussant la grille, voici que la petite procession s’avance, contournant les sapins, suivant l’allée sablée, maintenue au petit trottinement des plus jeunes.

D’abord Septentrion, qui, selon l’usage, fait le sphynx sur l’appui du perron, dresse l’oreille,