Page:Yver - Monsieur Dominique.djvu/45

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— Puis-je faire autrement, Cécile ?

— Eh oui, maman, il ne faut jamais se décourager. Regardez-moi, est-ce que je pleure ? Au contraire, je ris et je chante avec les petites sœurs, et je mets de la gaieté tout autour de moi.

— Tu es jeune, Cécile, et cela t’est facile ; tu ne vois les choses qu’à demi, et encore sous leur plus beau côté.

— Pardon, maman, je vois très clairement notre situation, et je m’en afflige intérieurement ; mais je ne vous en afflige pas. À quoi me servirait de pleurer comme vous ? J’espère que l’avenir sera meilleur, je me sens prête à employer ma force et ce dont je suis capable ; je ne crains ni la fatigue ni le travail ; je le désire plutôt, s’il peut être utile à ceux que j’aime. Voilà le secret qui me rend joyeuse. Pourquoi n’emploieriez-vous pas ma petite recette ?

— Recette de jeunesse, ma fille, qui réussit à treize ans et échoue à mon âge, où l’on a vu beaucoup de tristes choses. Va remettre cela à la maîtresse d’auberge, ma chérie, ensuite tu reviendras m’aider à coucher tes petits frères, qui sont harassés et dorment jusque dans leurs jeux.