Page:Yver - Monsieur Dominique.djvu/83

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Il se passe quelque chose d’étrange chez lui ;. il n’a point soigné sa barbe depuis trois jours ; le livre vert où il lit ses poésies git dans un coin tout poussiéreux, et voici qu’aujourd’hui ses tulipes rayonnent sans qu’il daigne, même par sa fenêtre, leur accorder un regard. Il n’est pas jusqu’à Septentrion qui ne ronronne et ne fasse le gros dos à ses côtés sans qu’il y prête la moindre attention. Il est pensif, il est distrait, il est rêveur ; et ce qui l’absorbe à ce point, on le devine : c’est le souvenir de Mme Béatrix.

Depuis trois jours, M. Dominique vit dans une perpétuelle alternative ; il est indécis, il se pose à tout moment cette question : Ai-je eu tort ? ai-je eu raison ?

Évidemment, il a eu tort, comme le lui dit la voix saine et pleine de vérité que tous les hommes, ou à peu près, entendent au fond de leur cœur, quand ils ne l’étouffent pas, et qu’on appelle le bon sens. Il a eu raison, lui dit la voix de son amour-propre, qui se comptait dans l’observance du principe qu’il a lui-même posé : Pour être heureux, il faut vivre en dehors de la société humaine. De ces deux voix qui lui tiennent ces discours exactement opposés, naît