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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/104

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princesses de science

— Partir… mais si je vous disais, cher ami, que je n’y tiens guère… Cette Suisse, cette Italie, ces hôtels… j’ai vu ça tant de fois aux vacances, avec mes parents ! J’abhorre le chemin de fer, et je déteste n’être pas chez moi… Partir, quand j’aurai goûté la douceur tranquille de cette petite maison, à quoi bon ? Pour suivre un usage ?…

— Je désirais beaucoup, dit Guéméné fermement, faire ce voyage avec vous ; maintenant, vous déciderez.

On servit des fruits glacés ; Thérèse, en les coupant du bout de sa fourchette, reprenait :

— Faut-il vous avouer mon rêve ?… Eh bien, ce serait de rester gentiment ici, de commencer tout de suite notre vraie vie. Vous me pardonnez d’être un peu méthodique, n’est-ce pas ? J’aime la règle définitive, qui fixe les habitudes une fois pour toutes : c’est pourquoi, sans doute, je déteste les voyages. Et tenez, dès demain je voudrais inaugurer le programme de notre nouvelle existence, reprendre mon service à l’Hôtel-Dieu…

— Votre résolution d’achever vos deux ans d’internat est irrévocable ?

— Absolument irrévocable, cher Fernand, je vous l’ai dit vingt fois déjà. Je ne suis pas mûre pour la consultation, et puis rien ne remplace l’hôpital ; ce sont mes années les plus intéressantes que j’y passe. Ah ! l’internat ! je le regretterai trop pour n’en point profiter avidement, autant qu’il m’est loisible. Depuis mes quinze jours de congé, je m’ennuie de ma salle.