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princesses de science

notre petit souper nous attend depuis bien longtemps…

Elle le regarda ; elle lui revenait de très loin, de si loin que, retrouvant, avec la vue de ce jeune époux, la solennité délicieuse de l’heure, elle lui sourit…

— Et là-haut ? demanda-t-elle.

— Là-haut, reprit le jeune homme avec une piété, une religion, là-haut, c’est notre chambre… mais je vous assure, Thérèse, qu’il faut descendre souper.

Ils s’attablèrent avec un ravissement naïf qui les faisait se sourire sans cesse, les yeux pleins de toutes les tendresses qu’ils ne se disaient pas. Cette entrée dans la vie commune était impressionnante et calme. Ces deux beaux êtres de raison ne s’étaient pas unis sans de profondes et inquiètes réflexions sur l’avenir. Et, les serments échangés délibérément, ils semblaient palpiter encore du tourment de l’incertitude. Seraient-ils heureux ?… Et ils se pénétraient l’un l’autre, gardant cette question muette, impitoyable, au fond de leurs prunelles passionnées.

Les domestiques les épiaient furtivement, Fernand demanda :

— Quel jour décidez-vous de partir pour Genève ?

Ils mangeaient à peine et, instinctivement, affectaient une paix qu’ils ne possédaient pas. Thérèse répondit :