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princesses de science

encore une fois le pénible problème surgissait devant eux ! Ce cas de conscience les avait déjà fait assez souffrir cependant, et, à ce seul souvenir, un doute se réveillait dans leurs âmes. Les yeux de Thérèse disaient à son mari : « Êtes-vous donc tous complices, pour conspirer ainsi contre notre liberté et notre gloire ? N’est-ce donc point assez de vous abandonner notre cœur, de vous donner nos caresses, et vous faut-il posséder jusqu’à notre cerveau, que vous forcez jusqu’à ce dernier retranchement notre individualité plus qu’à demi conquise ? » Et les yeux de Fernand, avec mélancolie, disaient à sa femme : « Tu vois, tu vois ! lui aussi la veut toute. Je n’étais donc pas un monstre !… » Mais ce furent en eux d’obscures sensations que les moindres paroles eussent déformées.

Thérèse dit en riant :

— Pourquoi voulez-vous l’arracher à sa médecine, la pauvre petite ?

— Oh ! balbutia Pautel, un peu gêné par le propre cas de madame Guéméné, c’est une conception à moi : je ne me vois pas le mari d’une femme-médecin. Vous êtes trop fortes pour nous, vous nous écrasez de votre sapience ; je serais horriblement humilié d’en savoir moins que ma femme… Et puis, j’ai des idées bourgeoises sur le mariage.

— Mon cher ami, déclara Guéméné avec une chaleur naïve, nous n’avons pas le droit de demander à nos femmes une pareille abdication.