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princesses de science

Elles sont et restent, après tout, maîtresses de leur vie. Nous leur proposons de s’associer à nous, mais nous ne devons pas exiger d’elles l’immolation. Ce sont des compagnes, et non des esclaves, que nous souhaitons. Il faut respecter leur vie intellectuelle, la protéger, la défendre, au besoin ; mais l’étouffer ! ah ! par exemple, ce serait odieux !

Et Thérèse à son tour :

— Jamais, jamais une véritable étudiante ne voudra renoncer à sa carrière, même pour l’amour. Dina, aujourd’hui, se passionne pour son métier. Il y a toujours dans nos études une époque d’enchantement où, les premières difficultés surmontées, on fait d’enthousiasme la grande plongée dans la science. Elle l’a faite. Je la suis de très près. Depuis quelques semaines, elle travaille avec une ferveur qui la transfigure. Littéralement, elle boit ses livres.

— D’ailleurs, reprit Guéméné gaiement, j’ai bien acquis, ce me semble, le droit de parler de ces choses : vois l’exemple vivant que nous sommes. J’ai assez admiré ma femme, en l’épousant, pour lui reconnaître le droit d’exister dans la société, au même titre que moi. Nous savons nous aimer malgré la similitude de nos fonctions. Nous sommes les époux nouveaux ; nous inaugurons une ère, mais dans la douceur et la béatitude.

— Et l’ennui, dit Thérèse, ce perfide serpent des bons ménages, est d’avance vaincu. Croyez-moi, dans le mariage, il est bon que le travail occupe la femme.