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princesses de science

— Mademoiselle Skaroff… vous êtes très aimée par un de mes amis…

À ce moment, Thérèse l’interrompit :

— Oui, ma petite Dina, la voilà, cette fameuse colle de Boussard !… Il n’est nullement question de lui, mais d’un autre qui est fou de vous, absolument fou, ma chérie, et c’est pour vous faire subir une demande en mariage que nous vous avons invitée… Dites-moi, Dina, voulez-vous vous marier ?

Sur la nappe, les deux mains de Dina étaient retombées un peu tremblantes, mais elle demeurait impassible. Thérèse eût voulu la deviner : elle était impénétrable. La jeune femme alors se rappela une comparaison de son mari : « les beaux yeux d’antilope de mademoiselle Skaroff ». Souvent, petite fille, au Jardin d’Acclimatation, elle avait caressé les jolies bêtes familières, qui, hautaines et mélancoliques, lui prenaient délicatement, au bout des doigts, de menues bouchées de pain. Les antilopes avaient, pour la regarder, des yeux mystérieux et doux où l’enfant ne savait trop que lire : — l’amitié, le dédain ou l’indifférence ? — L’âme des étrangères est parfois aussi énigmatique pour nous que celle de nos frères inférieurs.

— Comment s’appelle votre ami ? demanda tout d’abord la jeune fille.

— C’est Pautel, ma chère… vous savez bien, Pautel qui venait si souvent à la clinique…

— Ah ! fit Dina.