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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/157

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princesses de science

Et ce fut tout. On vit un sourire sur ses lèvres, ses paupières s’abaissèrent, un peu de pâleur marqua ses joues. Elle ne répondait pas. Évidemment, elle avait reçu là un grand coup, et toute son âme en était remuée. Elle regrettait, sans doute, à ce moment, la solitude de sa mansarde où elle eût pu savourer sans contrainte le mal délicieux de son émotion. Ici, elle se faisait illisible.

— Il vous aime bien, dit Guéméné.

Elle reprit :

— Alors il veut que je sois sa femme ?

— Il mérite vraiment que vous lui donniez un peu de bonheur, mademoiselle Skaroff. J’estime beaucoup Pautel ; c’est l’homme le plus dévoué que je connaisse ; il est bon, très bon.

Le buste de Dina se souleva lentement ; malgré son effort pour les maîtriser, deux larmes perlèrent à ses cils, et un éclair de tendresse héroïque, presque sauvage, jaillit de ses prunelles profondes.

— Oui, il est bon !… murmura-t-elle ardemment.

L’amour, si longtemps repousse, entrait en elle victorieusement, l’envahissait, la transfigurait en une minute. La faible antilope traquée, qui redoutait le chasseur, reconnaissait enfin le pasteur bienfaisant ; elle trouvait le gîte sûr, la protection et les caresses.

— Oh ! je suis heureuse ! fit-elle, sans plus de phrases. J’étais si lasse d’être seule !

Elle ne gouvernait plus son émotion et s’en ex-