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princesses de science

sur son féminin désir de complaire à celui qui l’avait choisie ?

— Sa demande ne m’étonne pas, dit-elle enfin.

— Mais, Dina, repartit vivement la jeune femme, je pense que vous allez réfléchir…

— C’est tout réfléchi. S’il n’avait pas demandé cela, c’est moi qui le lui aurais proposé.

— Comment ! s’écria Thérèse indignée, votre science, votre art, tout ce que vous avez acquis, la femme que vous êtes enfin, tout s’évanouit, tout s’efface devant le vœu égoïste d’un homme !…

— C’est bien le moins, commença la jeune fille, oui, c’est bien le moins. Je suis pauvre et je ne suis pas belle, j’ai des robes de mendiante, je passe dans les rues sans que nul se retourne, personne ne m’a jamais remarquée. Pautel est riche, il est apprécié, et l’on dit qu’il a un brillant avenir ; il est libre, heureux, dans son pays ; il pouvait faire un beau mariage, et c’est moi qu’il prend. Il ne sera plus libre, il sera moins riche, parce qu’il aura une femme ; le brillant avenir lui deviendra difficile, car je ne lui apporterai pas les hautes relations qui le facilitent. Et quand il me demande d’être toute à lui, je refuserais… Non, non, c’est trop naturel, ce qu’il veut là.

— Naturel ? reprit Thérèse qui s’exaltait, dites injuste plutôt ! Une femme, dans le mariage, n’a-t-elle pas le droit d’exister encore individuel-