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princesses de science

cusa près de ses hôtes. Fernand et Thérèse, attendris, gardaient le silence. La simplicité de cette pauvre fille les touchait religieusement ; c’était une joie de lui voir ce naïf bonheur d’être aimée, succédant à la détresse cachée de toute sa jeunesse.

Thérèse se pencha vers elle :

— Nous vous aimons bien, ma petite amie, votre bonheur nous rend heureux. (Et elle lui prit la main.) Vous serez donc la femme de Pautel… Mais cet excellent camarade, qui a des idées toutes particulières sur le mariage, vous demande un sacrifice que vous ne ferez certainement pas.

— Ma religion, peut-être ? demanda Dina.

Car elle était orthodoxe pratiquante, et il y avait là une singularité que plusieurs de ses camarades avaient remarquée.

— Non, déclara Thérèse, votre médecine.

— Ah ! fit encore Dina, sans plus manifester son sentiment.

Tous les trois se turent. Dina méditait. L’action de l’amour opérait en cette âme, encore enfantine en dépit d’une certaine maturité. Thérèse observait son amie ; mais Guéméné surtout, se rappelant ses propres angoisses, attendait avec inquiétude la réponse de la jeune fille. Le valet de chambre, revenu, passait un plat ; sa présence mettait une gêne entre les convives. Dina coupait un blanc de poulet dans son assiette. Le domestique parti, elle se redressa. Guéméné tressaillit. Qu’allait-elle dire ? La passion professionnelle l’emporterait-elle