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princesses de science

dardant jusqu’au fond des chambres. Et il continuait alors de descendre lentement dans le ciel parisien, sans faire grâce à l’étroite façade d’un rayon. À sept heures, à huit heures du soir, il était encore là-bas, très lointain, toujours en vue, filtrant au travers des peupliers touffus ; et de petites lunes dansaient sur la tapisserie des murailles. Sans trêve aussi, passaient les bateaux-mouches dont l’hélice battant l’eau faisait un bruit de moulin. Les pigeons voletaient autour des arbres ; on les entendait, au crépuscule, roucouler dans les branches.

Fernand Guéméné parcourait l’île en tous sens. Tantôt à pied, tantôt en fiacre, il passait le pont Louis-Philippe, le pont Marie, ou bien le pont de la Tournelle pour gagner la rive gauche. Et, dans les escaliers obscurs de ces maisons du vieux Paris, il grattait des allumettes pour ne point trébucher. La clientèle, en cette saison, l’exténuait. Il était surmené, à bout d’endurance. Des images de Bretagne le hantaient. Il voyait sans cesse des landes fleuries de jaune, ou bien un clocher cornouaillais, posé sur une tour carrée à galerie. C’étaient encore des bois de chênes, frais et druidiques ; ou une grotte bleue, béante sur l’Océan. Partir ! il en rêvait la nuit ; et il se réveillait, le matin, au bruit des camions roulant sur le quai aux Fleurs, en face.

Il avait confié à Thérèse ce désir maladif, cette obsession des vacances. Mais elle, acharnée à ses