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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/208

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princesses de science

compromise ? Ma thèse m’inquiète peu, va, lorsque tu souffres. Quant à ma malade, c’était, il est vrai, un cas bien intéressant, mais je me passerai d’elle… et personne ne s’apercevra de ce trou dans mes observations.

Guéméné buvait ces paroles d’affectueux renoncement : il fut ivre de joie. Il trouvait magnifique le dévouement de Thérèse ; à peine osait-il l’accepter.

— Ô mon amie, mon amie ! disait-il en lui baisant les mains, suis-je digne de toi ?

Elle exultait. Enfin l’on verrait si elle était une mauvaise épouse ! Elle aussi savait se sacrifier. Pour elle aussi, son mari tenait la première place ; et l’on cesserait peut-être maintenant de lui jeter, à toute occasion, par des allusions discrètes, voilées ou perfides, l’exemple de Dina…

Ils passèrent à la mer le mois de septembre. Sur cette plage à la fois chaotique et paisible de Morgat, qu’ils choisirent, Guéméné connut un bonheur de rêve. Ses inquiétudes, ses tourments, cessèrent. Pourquoi s’être méchamment irrité contre Thérèse ? N’était-elle pas l’idéale compagne, prête à s’oublier pour lui, à se dévouer, à négliger à son profit les plus attrayantes études ? Ils ne se quittaient pas, se chérissaient d’un amour joyeux d’adolescents, qui allait des baisers au sourire. Devant eux, la baie de Douarnenez se creusait en un cirque énorme. Ils se promenaient enlacés sur le sable fin de la grève, s’embrassaient au fond des