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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/240

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princesses de science

l’injection du sérum avait déterminé la résorption de la masse cancéreuse ; le quatrième seul avait péri. Sur treize cobayes cancéreux, il avait obtenu trois cicatrisations complètes, cinq disparitions de l’intoxication générale ; cinq avaient succombé.

Ce fut alors qu’il inaugura sur Jourdeaux la méthode des piqûres.

Un soir, il revint triomphant ; il s’était attardé boulevard Saint-Martin, où il allait tous les jours, et, à peine arrivé, saisissant Thérèse aux épaules :

— Tu sais, je guéris Jourdeaux !

La jeune femme le regarda, puis sourit :

— Mon pauvre ami, quelle plaisanterie !

— Je ne plaisante pas ; j’ai trouvé le sérum anti-néoplasique.

Elle pâlit un peu, interloquée par l’énormité de cette déclaration qui l’atteignait brutalement, elle médecin, sceptique et avertie, défiante des victoires trop tôt proclamées. Alors Guéméné, froidement, en homme qui se possède, énuméra les changements survenus chez son malade depuis les trois semaines du traitement sérothérapique. La cachexie semblait disparaître ; il y avait augmentation de poids ; la digestion se faisait ou commençait de se faire et les douleurs hépatiques diminuaient, ce qui attestait l’arrêt du processus cancéreux. La jeune femme connaissait trop la sincérité de son mari pour douter de semblables affirmations.