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princesses de science

— L’égalité, non, mais la similitude, Thérèse. Je ne dis pas la femme inférieure, je la trouve différente. Et, bien que tous vos efforts de femmes-médecins tendent à vous métamorphoser en jeunes hommes à jupons, vous demeurez par vos attitudes, vos idées, et avec votre science même, d’une autre essence que nous. Mille penchants secrets vous font dissemblables de ceux que vous copiez.

Mademoiselle Herlinge s’indignait sourdement. Une recherche scrupuleuse dans sa toilette, de laquelle on apercevait seulement, sous sa blouse, le sévère corsage de soie grise, démentait en elle toute tendance ridicule à se masculiniser. Elle niait de bonne foi la supériorité de l’homme, mais elle lui sentait obscurément un esprit plus précis, une volonté plus ferme, des conceptions plus audacieuses. C’était à cela aussi, sans doute, que pensait Guéméné. L’homme et la femme étaient égaux par l’intelligence, la valeur morale ; mais au premier il attribuait les hautes spéculations du cerveau, le génie possible ; à l’autre, il reconnaissait surtout la supériorité affective et sentimentale. Mais, en parlant, de « jeunes hommes à jupons » à propos des étudiantes, il avait du moins été injuste pour celle-ci.

— Nous ne sommes pas de petites pensionnaires, reprit-elle.

— Vous n’en avez pas moins les éternelles fonctions de la femme ; la grande vocation féminine vous entraîne toutes avec la même force, jeunes