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princesses de science

— Ah ! si mon pauvre Nono était là !…

Un soir, à cinq heures, machinalement, avec l’idée qu’il devait une visite à la veuve, il se rendit boulevard Saint-Martin. Comme Madame n’avait pas encore recommencé à recevoir, on l’introduisit dans la chambre du défunt où elle brodait, près de la fenêtre, tandis que son petit garçon jouait par la chambre. Ses beaux traits empreints de douceur s’étaient reposés depuis qu’elle avait cessé d’être garde-malade ; elle sourit à Guéméné ; André courut se jeter dans les bras de son grand ami le docteur qui le serra convulsivement, ayant envie de pleurer en embrassant cet autre petit, joli et bon comme eût été le sien.

— Le pauvre enfant ! dit simplement la mère avec tristesse.

Puis elle ajouta :

— Il s’ennuyait de vous, docteur : tous les jours, il vous demandait à l’heure où vous aviez coutume de venir autrefois.

Guéméné, à la dérobée, regarda le lit où naguère gisait l’agonisant, et qu’il voyait pour la première fois recouvert d’une étoffe assortie aux tentures. Madame Jourdeaux devina ses pensées, et comme, dans les circonstances les plus poignantes, son simple esprit ne savait exprimer qu’en lieux communs ce qu’elle éprouvait, elle murmura :

— Que d’amertume dans la vie !

Son sort apparaissait plus sombre, plus dur, par contraste avec la lumineuse sérénité de sa physio-