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princesses de science

nomie aimante. Isolée, sans appui, veuve à vingt-huit ans, elle avait l’air d’une recluse dans le béguinage silencieux de cette chambre, où elle brodait éternellement près de la fenêtre donnant sur une vaste cour. L’amour dont elle entourait Jourdeaux n’avait jamais été fait que de pitié et de dévouement ; elle avait conservé intacte une virginité d’âme qui laissait à son visage un aspect de candeur. Elle aurait ressemblé à une religieuse si le sentiment maternel ne s’était trahi en elle, à chaque instant, par une expression passionnée à la seule vue de son enfant.

Elle ne voulait pas imiter ces clients qui se croient, quand leur malade a succombé, dégagés de toute gratitude envers le médecin. Sans chercher de phrase :

— Jamais je n’oublierai les soins dont vous avez comblé mon pauvre mari, docteur. Je sais comme vous avez travaillé pour le sauver. Il fallait que son mal fût vraiment incurable pour n’avoir pas cédé. Oh ! non, je n’oublierai jamais… vivrais-je cent ans…

— Mais je n’ai rien fait, dit Guéméné, qui éprouvait une consolation à faire montre de son découragement devant cette douce jeune femme, témoin de tous ses efforts inutiles ; voyez, je ne vous ai pas rendu votre malade. J’ai entrevu le remède, je vous en ai follement fait luire l’espoir. Ah ! j’y croyais bien moi-même, à ce succès que je vous promettais. Un autre que moi le recueillera.