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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/275

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princesses de science

ordonné, qui s’établissait sous les gestes de sa femme, l’emplissait d’aise ; mais, sans plus s’attarder, il passa dans son cabinet et rouvrit le tiroir où dormaient depuis deux mois ses notes de laboratoire.

Le jour suivant, à l’heure du déjeuner, il vit Thérèse en peignoir, qui révisait dans la salle à manger le livre graisseux de sa cuisinière. Alors il s’étonna, se troubla. Mais ce fut bien autre chose quand il l’entendit donner cet ordre à la femme de chambre :

— Vous ne recevrez personne pour moi aujourd’hui. Vous direz que je suis souffrante, que l’on s’adresse à Monsieur.

Il tressaillit. Entendait-il bien ? L’acte nécessaire était-il accompli déjà ? Cédait-elle ?

Dès qu’ils furent seuls, tout tremblant, il s’approcha, lui dit à l’oreille, très bas :

— Explique-moi…

Il était radieux, triomphait presque, s’attendait à une explosion de tendresse. Mais la jeune femme se défendit contre tout abandon :

— Attends trois jours ; ne me demande rien ; laisse-moi, veux-tu ?

Puis, comme il s’écartait avec une indicible expression de tristesse, elle ajouta :

— Ah ! mon pauvre chéri ! que tu me tortures !

Ce fut une plainte poignante dans la bouche de cette orgueilleuse Thérèse qui s’efforçait au déchi-