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princesses de science

en était torturé. Il l’avoua un jour à Thérèse, découragé de se plaindre toujours sans résultat et ne pouvant cependant taire ce qu’il endurait. Ces scrupules de mari égayèrent la jeune femme :

— Allons, mon pauvre chéri, il ne te manquait plus que cela ! Est-ce que je te fais des scènes de jalousie à propos de tes clientes ? Tu me verrais sans ombrage, si j’étais mondaine, passer des soirées et des nuits de bal aux bras d’une vingtaine d’hommes qui m’enlaceraient tour à tour, et tu t’alarmes à l’idée que je peux m’arrêter au chevet d’un malade ? Mais là je ne suis plus une femme, et il n’y a devant moi qu’une maladie !

Ce qu’elle arguait était irréfutable : il n’objecta rien. Mais il la caressait maintenant avec moins de délices à cause des souvenirs qui s’interposaient entre eux. Elle n’avait plus à ses yeux le même mystère ; elle lui fut moins sacrée, comme si elle eût cessé d’être, pour lui, cette figure sainte que certains hommes voient dans l’épouse.

Cet été-là, ils voyagèrent en Suisse. Madame Jourdeaux, à qui Guéméné avait recommandé l’air des montagnes pour le petit André, les y rejoignit ; ils se trouvèrent au même hôtel, qu’elle avait choisi sur les indications du docteur. Mais la doctoresse intimidait la veuve, qui ne se livra point. Thérèse la trouva simple d’esprit, et le dé-