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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/300

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princesses de science

choses ne nous regardent pas », — l’idée d’une faiblesse possible chez sa célèbre confrère l’atterrait et la tourmentait. Elle s’efforçait en vain d’imaginer les plus extraordinaires hypothèses pour interpréter ce qu’elle ne voulait pas admettre.

Le lendemain matin, comme elle lisait son courrier à la balustrade de la terrasse, le couple apparut derrière une des portes vitrées qui commandait un escalier menant aux chambres. Boussard sembla hésiter en apercevant Thérèse ; mais madame Lancelevée, avec son sourire victorieux et adouci de femme qui aime enfin, lui dit un mot et, hardiment, s’avança seule vers son amie.

Thérèse rougit. La doctoresse, que Paris n’avait jamais connue qu’en noir, portait une robe de foulard gris perle, ornée d’un flot de dentelle princière ; et ce simple changement de mise en faisait une femme nouvelle. Sous l’arc superbe de ses sourcils, ses yeux brillaient de bonheur ; elle serra la main de Thérèse, cordialement, et, avec sa franchise délibérée :

— Vous êtes étonnée de me voir ici. C’est bien réciproque. J’y suis venue retrouver le docteur Boussard, pour passer quelques jours avec lui dans les montagnes.

Et comme Thérèse demeurait incertaine, intimement choquée, et pourtant largement indulgente, plus déroutée que disposée à traiter en pécheresse cette noble princesse de science, madame Lance-