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princesses de science

la compagnie devient une volupté à force de douceurs.

Il fuma donc, et ce fut dans le nuage de sa cigarette, un peu alangui et grisé, qu’il dit :

— Vous avez toujours cru en moi, vous. Toujours vous m’avez poussé au travail… Aujourd’hui, je suis peut-être à la veille d’un succès. J’ai convaincu le grand Boussard.

— Ah ! fit-elle, non sans tristesse devant la découverte qui venait trop tard, enfin ! enfin !

Elle ne put trouver rien d’autre. Il continua :

— Le vaccin que je cherchais depuis plus de deux ans, je crois l’avoir trouvé… Hélas ! je dis « Je crois. » Est-on sûr jamais ? Peut-être Boussard se trompe-t-il en m’encourageant. Devrait-on même parler de ces choses avant que la confirmation soit formelle, irrécusable ? Ah ! si pourtant cette fois c’était définitif !…

La timide et ignorante femme alors trouva les mots éloquents qui persuadent :

— C’est définitif, cette fois ; je vous le dis. Je ne sais rien, pas même l’a b c de votre science ; mais j’ai quelquefois d’étranges intuitions, et votre succès, entendez-vous, je le sens, je le vois, comme si déjà tout le monde de la science vous avait offert la grande apothéose de son admiration… Et puis quand même… On n’est jamais sûr, dites-vous ? Tant mieux ! c’est pour travailler toujours, c’est pour lutter toujours, c’est pour creuser toujours dans la mine noire des choses ignorées. Rien ne se