Aller au contenu

Page:Yver - Princesses de Science.djvu/360

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
350
princesses de science

Le dîner fut paisible et doux comme la maison où régnait cette charmante femme. La présence de la domestique qui servait lui ôta toute intimité. Guéméné parla de ses expériences de laboratoire. Boussard lui faisait rédiger une longue communication pour l’Académie, mais des scrupules l’arrêtaient et sa conscience requérait sans cesse de nouvelles observations. Il opérait maintenant sur des chiens ; il aurait voulu avoir de gros animaux à sa disposition.

— Ah ! disait-il avec lassitude, ce terrain d’expérience, qui échappe toujours à ceux qui cherchent !

Madame Jourdeaux découpait en tranches, adroitement, un gâteau fourré de fruits. Sans s’interrompre, elle riposta :

— Je vous ai proposé un terrain dont vous n’avez pas voulu. Il est toujours à votre disposition. L’expérience serait décisive, cette fois.

Il eut un petit rire qui ressemblait à un sanglot :

— Vous ! vous ! balbutia-t-il. Je commettrais un crime, et vous seriez ma victime !

Le couteau tomba des mains de la jeune femme. Il y avait eu dans le ton de Fernand tant de passion, tant de ferveur, on y sentait si bien cette idolâtrie un peu timide de l’homme dont l’amour ne s’est pas encore exprimé, qu’elle crut entendre un aveu. Et ils se sourirent cette fois avec plus de paix, comme deux nobles êtres très francs qui sont sûrs l’un de l’autre.

Dès le dessert, il la quitta. Et le bonheur qu’ils