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princesses de science

avaient eu mourut dans le tourment de voir encore diverger leurs vies.

Guéméné redoutait toujours ces retours à la maison, et la présence de Thérèse qu’il retrouvait invariablement souriante, avec son caractère uni, affable et séduisant dans sa force. C’était maintenant un soulagement pour lui s’il apprenait, à son arrivée, l’absence de sa femme. Et il demeurait gêné devant elle, malgré l’honnêteté timorée dont il faisait preuve, comme si cette loyale Thérèse avait pu lire la subtile défection de son cœur.

Ce soir, il espérait qu’elle serait au travail, dans son cabinet, et qu’il s’en tirerait avec un baiser rapide. Mais elle l’attendait dans leur chambre. Il la trouva très étrange, et vit qu’elle avait pleuré. Il allait redescendre au second étage, pour y travailler comme tous les soirs. Elle le retint :

— Fernand, reste un peu, je te prie.

— Que me veux-tu, ma chérie ?

Ce mot la consola. D’ailleurs, il montrait près d’elle, ce soir, une amabilité câline qui lui fit du bien. Ne s’était-elle pas alarmée à tort ? Elle avait rêvé de s’expliquer définitivement avec lui sur l’indifférence qu’elle lui voyait. Et puis, soudain, ce moyen lui parut théâtral et superflu. Elle se contenta de lui dire :

— Tu n’as pas pu rentrer dîner ?

— Mais non, dit-il en s’efforçant à l’assurance, cela m’a été impossible, je t’assure. J’étais sur la rive gauche, il se faisait très tard… J’ai dîné à la brasserie.