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princesses de science

fenêtre. Ses yeux se fermèrent une seconde. Ce silence ne lui apprenait rien qu’elle ne sût déjà, mais confirmait toutes ses déductions douloureuses, et l’anéantit autant qu’une révélation soudaine. Fernand l’entendit murmurer :

— Merci de n’avoir pas menti…

Alors il eut un élan, comme si, l’habitude ancienne de la possession le dominant, il eût craint maintenant de perdre cette femme dont il se croyait détaché.

— Thérèse, je te jure… tu m’entends, tu me crois… je te jure que, depuis le jour où j’ai commencé de t’aimer, jusqu’à ce jour, je n’ai jamais eu d’autre femme que toi. Tu es ma seule compagne. Je suis à toi comme aux premiers jours de notre union.

Elle plongeait éperdument ses yeux dans les siens :

— Alors… alors… quoi ?… je ne comprends plus… Oh ! je voudrais te croire, et il me semble que tu n’es pas sincère. Je m’efforce d’accepter ce que tu me dis, et je ne le peux pas. Fernand, je te connais trop ; tu as été trop mien pour que je ne te pénètre pas. Je devine en toi une arrière-pensée que tu dérobes encore.

La nuit était venue. Ils ne paraissaient plus aux passants que deux ombres noires à une fenêtre perdue parmi tant d’autres. Mais Fernand pouvait suivre sur le blanc visage de sa femme, presque lumineux dans l’obscurité, toutes les expressions d’espoir et de douleur qui s’y reflétaient tour à tour.