Page:Yver - Princesses de Science.djvu/373

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
363
princesses de science

— J’ai dit la vérité, reprit-il, torturé par cet interrogatoire. Libre à toi d’imaginer autre chose.

— Regarde-moi bien en face, Fernand, laisse-moi lire dans tes yeux. Montre-toi comme je me montre moi-même. Je ne te cache rien de mon cœur, moi : j’étais venue à toi, ce soir, dans la colère et dans le trouble, pour une rupture délibérée ; il me semblait qu’une femme comme moi ne devait pas subir de partage, et je voulais te proposer de te quitter… si je t’étais à charge. Mais ma dignité ne compte plus, ni ma fierté, ni le sens de ce que je vaux. À me rapprocher de toi, je n’ai plus éprouvé qu’une chose, c’est que je t’aime, c’est que je te suis attachée plus tendrement, plus puissamment que jamais. Rien ne pourra me séparer de toi. Non ! non ! je ne veux plus partir, te céder, te perdre. Tu es mon mari bien-aimé jusqu’à la mort : tu peux m’offenser, me trahir, m’abreuver de peines, je possède l’éternelle fidélité de l’amour vrai qui ne s’abaisse pas dans la résignation, qui ne s’avilit pas dans l’humilité, qui ne s’amoindrit pas dans le pardon. Sans doute, tu t’étonnes de m’entendre parler ainsi, tout orgueil abjuré, toute colère éteinte, mais en parlant autrement, Fernand, je mentirais, et nous ne pouvons pas être des époux hypocrites.

— Ma Thérèse !…

— Oui, je suis toujours ta Thérèse, mais tu n’es plus mon Fernand. Tu aimes une autre femme, et, je l’ai deviné l’autre jour : c’est madame Jourdeaux.