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princesses de science

Elle comprit l’impossibilité de la franchise invoquée tout à l’heure. La vérité ne se livrait à elle que par bribes, en ces aveux involontaires que Fernand corrigeait aussitôt d’une expression affectueuse. Sous peine d’une brisure nette, elle s’en rendait compte, il ne pouvait dire : « Je ne t’aime plus ». C’était seulement dans une sorte d’ombre consentie entre eux, et comme voilés l’un pour l’autre, qu’ils pouvaient mener encore l’existence commune. Les ténèbres où ils demeuraient au fond de cette salle obscure, ne se voyant qu’à peine, redoutant même la lueur de la lampe, étaient l’image de leur avenir désormais. Le doute, l’incertitude, subsisteraient entre eux. Thérèse, oubliant même ses raffinements de sincérité, se rattachait maintenant avec passion à cette équivoque qui lui permettait seule de continuer à vivre près de Fernand.

Ils n’avaient plus rien à se dire, et ils restaient cependant dans ce sombre tête-à-tête, exténués de la lutte, aussi abattus l’un que l’autre. Ce fut Thérèse qui avoua la première :

— Je suis bien lasse, mon ami.

— Il faut te coucher, ma chérie.

Et elle sentit de nouveau cet accent affectueux, presque fraternel, qu’il avait en lui parlant.

Ils montèrent ensemble, lentement, accablés par l’indicible tristesse de leur bonheur fini. Arrivé au seuil de la chambre, Fernand poussa la porte. Thérèse se recula sur le palier.

— Entre, fit-il distraitement.