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princesses de science

nissez-vous de ce métier, le plus noble de tous, gagne-pain magnifique, et consolation suffisante à toutes les solitudes. Mais, si rien ne s’y oppose, au jour venu, abandonnez-vous aux lois suprêmes qui font les femmes non point pour elles, mais pour l’époux dont elles doivent être l’auxiliaire et le bonheur. Ce jour-là, renoncez-vous, arrachez de vous tout désir de gloire, offrez à celui que vous aimerez votre lumineuse intelligence qui fera pour lui du foyer le lieu le plus cher, le plus intéressant, le plus attirant. Donnez-vous toutes… »

— Tu voulais me parler, Thérèse ? lui dit Herlinge à cet instant ; veux-tu monter dans mon service ?

— Oh ! ce que j’ai à vous dire n’est pas un secret, reprit la jeune femme avec son sourire un peu mystérieux.

Elle regarda les deux petites bénévoles au sarrau de lycéennes, et madame Lancelevée si fièrement épanouie dans le succès, dans l’amour et dans l’égoïsme, et Marie Boisselière, la robuste féministe dont elle bravait les foudres, et Artout, qui allait s’indigner, et « son grand Boussard », qui lui avait dit, un jour : « Chère madame, vous y viendrez », et tous ces jeunes médecins moins chanceux qu’elle qui boudaient un peu son succès, et ces étudiants dont le nombre grossissait sur ce palier d’hôpital, et qui arrivaient en chuchotant, se nouant aux reins le tablier médical. Et comme tous avaient les yeux sur elle :