Page:Yver - Princesses de Science.djvu/397

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
387
princesses de science

mais, comme ami, j’applaudis au parti qu’elle a jugé le meilleur.

— Ah ! Madame est le docteur Guéméné ? dit farouchement Marie Boisselière.

Elle s’avança, le lorgnon sur ses yeux de myope et toisant Thérèse, avec son air indélébile de vieille maîtresse d’école, elle ajouta :

— Je regrette de faire connaissance avec Madame dans une telle circonstance…

Elle en aurait dit plus ; mais Boussard, qui n’avait pas encore parlé, vint à la jeune femme, lui serra la main.

— Moi, je vous félicite, dit-il seulement, de sa voix lente et sans timbre, mais avec une inflexion si pénétrante que Thérèse en fut toute remuée.

À ce moment, madame Lancelevée, tournant le dos d’une façon presque impertinente, prit à part son amie Boisselière, avec laquelle, ostensiblement, elle se mit à parler médecine.

— Je vais porter la nouvelle à ta mère, disait Herlinge un peu tristement. Elle sera très surprise, très surprise…

Lui éprouvait un gros chagrin. Il était fier de Thérèse comme certains hommes le sont de leur fils. Toutes ses ambitions personnelles satisfaites, il s’en recréait qui concernaient l’avenir de sa fille, et, s’il était si coulant pour l’admission de Marie Boisselière à l’Hôtel-Dieu, on disait tout bas que son orgueil paternel voyait là, pour la doctoresse Guéméné, un précédent de bon augure.